jeudi 23 décembre 2010

Noyeux Joël!

Voilà voilà, here we are comme on dit outre manche, bref les deux pieds dedans et le nez dans la merde, youpi c'est la Noyel! Voilà voilà ça fait 2010 ans que Jésus est né et la caravane continue de crier!

Pour ma part, ça fait quelques années que la magie de Noël je m'en tamponne version métal!
Noël: faire plaisir aux gens, leur montrer via des attentions ou autrement nommés cadeaux, que l'on pense à eux, qu'on les aime, et qu'on souhaite sceller tout ça! Période durant laquelle on pardonne, on partage, on s'aime ... blablablabla un mélange de thanksgiving et saint valentin bref! En somme une fête mercantile et guimauve!

Non ne soyons pas si frustrée, aigrie et injuste! La Noyel c'est avant tout la fête des petits zenfants!!!!!!!!! Et ça tombe bien, je n'en suis plus une et j'en ai pas, alors j'ai double raison de ne pas me sentir concernée! La Noyel à la rigueur ça serait pour moi l'occasion de réunir les gens que j'aime autour d'une table, de partager des souvenirs, de s'en faire de nouveaux, d'échanger des fous rires!

Mais cette année, y aura toujours pas ma tante, mon père et ma frangine seront dans leur coin avec une partie de ma famille, mon grand père sera peut être dans les mers du sud, qui sait où les marées l'ont porté, et mon homme sera avec ses parents! Certes il me reste encore ma crapouille, ses parents, mes parents aussi, ma grand mère ... des gens aussi! Mais c'est pas mon Noël! Je ne suis qu'un pion sur l'échiquier noëlien des autres et j'en ai marre des convenances, des "il faut le faire parce que", quand le coeur n'y est pas, pourquoi se forcer à ressentir des émotions qu'on est alors incapable de ressentir, pourquoi devoir s'octroyer la souffrance de faire le constat d'un vide abyssal à ses côtés, pourquoi se punir en étant spectateur de scènes qui nous rappellent que tout ceci pour nous a perdu son sens!

Chaque année, Noël se voulait une fête fédératrice d'une famille recomposée en pleine décomposition à mon sens, l'amour est là, parfois enfouie sous des couches de non dits, des vieilles rancoeurs, des inquiétudes et des tonnes de questions!


J'ai mal, je suis malade de Noël, je voudrais rayer le 24 et le 25 sur le calendrier et zou passer direct au jour de à la tienne Saint Etienne!


Et je parle même pas du 31 ....


vendredi 17 décembre 2010

Africaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaa

Pas un coup de gueule, non pas là, un coup de coeur, une émotion énorme, une rencontre improbable!

J'ai mis le temps pour trouver l'énergie qu'il me fallait pour vous parler de cette rencontre de folie que j'ai fait le jour de mes 34 ans. Une rencontre que je n'aurai jamais pensé faire un jour, là, dans ce bled qui a bercé mon enfance, mon adolescence, les prémices de ma jeunesse et à nouveau ma vie d'adulte!
J'aime l'Afrique, un amour ancré depuis longtemps, dont je ne connais la source mais je m'en fous! Des grains de sable du Sahara à la forêt inextricable du Congo, des minarets mauresques aux lodges, je me fous du nord, du sud, de l'est ou de l'ouest, j'aime ce continent, et chaque plaie de plus à son peuple me blesse! Je ne saisis pas tout de la géopolitique de ce continent, moi ce sont les hommes, les âmes humaines qui m'intéressent, leur culture, leurs mythes, leurs traditions! Loin des délires de colonie et d'apartheid, crimes contre ce qui peut rester encore d'humanité en ce bas monde, loin des envies de diamants du sud, des mains de gorilles comme cendrier, loin de bijoux en ivoire et du marché noir d'esclaves des temps modernes, j'aime l'Afrique juste pour ce que ce continent est! Beau, sauvage, riche de tant de paysages et cultures si loin de mon quotidien.

Je n'idéalise pas, je n'ai aucune version arc-en-ciel, même pas de la couleur chatoyante des boubous, je n'explique pas ce sentiment fort qui me fait chialer quand je vois les gosses crever, les exodes, les guerres, la barbarie, la corruption... Oui petite je chialais devant le méchant vilain pas beau lion qui mangeait la jolie et si belle gazelle, aujourd'hui j'ai un noeud dans la gorge et la rage quand je vois la Côte d'Ivoire, la pauvreté du Mali, la famine en Éthiopie, les vestiges du Rwanda, la Sierra Leone ... et j'en passe des pires! Pourtant putain que cette terre est belle et ce peuple si fier, si beau! Oui j'aime l'Afrique, presque de façon viscérale, l'émotion à fleur de peau! Je l'aime en secret, je l'aime rien que pour moi.

Et ce jour là, ce jour du 4 décembre, 7h du matin, j'aperçois un homme si loin de chez lui, si loin de ses proches. Il est beau, si beau! Il détonne, il m'épate, et quand il me sourit en me disant bonjour, un café et un croissant à la main, je me dis que je suis dans la quatrième dimension. Toute la journée, je l'épie du coin de l'oeil, je n'ose pas, j'ai tellement peur de le déranger pour rien, qu'il prenne ma curiosité pour un affront alors que non, loin loin de là! Quelques mètres me séparent de lui et des milliers de kilomètres séparent nos pays. Emmitouflée dans mes vêtements, dehors il neige, et je le vois alors, vision délirante, enfiler une doudoune! Il croise mon regard et je lui souris, lui aussi et je me dis que je suis bien peu de chose!

La journée passe, peu de gens, j'ai mal pour lui!

Ayé j'ai 34 ans, je suis crevée, on remet ça et lui est encore là, le sourire aux lèvres, à nouveau avec son croissant et son café! Aujourd'hui je me décide, je bouge mon gros cul et j'ose!

Bon je laisse passer la matinée parce que j'suis pas bien réveillée, totalement à la masse et bref ça m'aide pas à prendre mon courage à deux moufles!

Je m'avance alors vers lui, sous sa doudoune, sa tenue de touareg, à défaut de bonnet, son foulard tout enrubanné autour de son crâne qu'il ne découvrira jamais. Il est beau, je ne saurai lui donner d'age. Et sa beauté se retrouve dans ses bijoux. Il travaille l'argent. Il vient du Niger, sous son stand sa valise. J'en reste pantoise. Mais que fait cet homme dans ce bled de banlieue sud de Paris????? Où est son soleil, sa chaleur, son atelier, sa famille??? Il est juste là, il vend ses bijoux absolument sublimes! Je craque pour des boucles d'oreilles représentant la croix du Niger, il a l'air très heureux et fier que je choisisse celles là. Je ne cesse de lui dire que tous ses bijoux sont magnifiques, j'ai l'air d'une gosse de 4 ans devant le père Noël. Je lui prends une bourse en peau de chèvre, oui ça pue mais moi j'adore! Là, en silence il me sort alors de sous la table, un album photo. Je m'accroupis à ses côtés, mon coeur bat si vite, soudain je suis transportée loin, loin si loin. Je ressens le soleil sur ma peau, j'oublie les gens autour de nous, je rentre dans son monde, il me fait visiter son atelier, me présente à son frère avec qui il travaille, me présente à sa femme, sublime, à ses enfants, beaux à tomber. Il me fait visiter son village, il m'explique qu'il vient d'une longue famille de touaregs, que lui et sa famille sont maintenant installés mais pour combien de temps! Il me raconte qu'il a gardé son âme de voyageur et qu'il n'a pas peur quand il est loin de chez lui. Putain moi à côté, avec mes préoccupations de trentenaire française, je me sens conne. Cette force, peut être celle du désespoir, de quitter famille, village pour tenter de vivre, de gagner de l'argent, à l'autre bout du monde, de l'autre côté de la Méditerranée.

Je ne parlerai pas de ce que je pense de l'immigration, juste une chose, comment peut on laisser ces gens crever la gueule grande ouverte, les dénigrer, les humilier quand on les voit se battre pour survivre, quand on les voit déracinés, perdus juste pour arriver à nourrir la famille restée au pays. Je ne parlerai pas des charters, je ne parlerai pas non plus de certains enculés de bourgeois qui sont encore des esclavagistes des temps modernes, je ne parlerai pas avec quel déni et mépris on s'est enrichi sur ce continent en y foutant une merde considérable, en les pillant et puis en s'en lavant les mains... Nan moi je parlerai juste d'Ousmane, du Niger, une rencontre incroyable qui a encore bouleversé mon cœur de petite blanche qui rêve de la belle Afrique le cul bien planté dans son quotidien.